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Meilleur ouvrier de France, il a revitalisé « sa » commune

Mickaël Gagnière, jeune paysagiste breton installé depuis 2011 sur une commune du Centre Bretagne, à Saint-Caradec-Trégomel (56), a décroché le prestigieux titre de Meilleur ouvrier de France (MOF) en 2015, avec une note exceptionnelle de 19,7 sur 20.PHOTO : J. ANNO

La victoire de Mickaël Gagnière, Meilleur ouvrier de France en 2015, n'est pas seulement celle d'un jeune paysagiste breton mais de tout son village, Saint-Caradec-Trégomel (56), dans lequel il a choisi d'installer son jardin. Retour sur un partenariat qui a contribué à dynamiser cette commune.

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Lors du concours 2015 du Meilleur ouvrier de France (MOF) dans la catégorie « Arts des jardins et des paysages », deux candidats seulement ont été retenus pour l'épreuve finale parmi dix-sept en lice sur le territoire national durant la phase de sélection. Au final, Mickaël Gagnière, jeune paysagiste breton de 27 ans, installé depuis 2011 au sein d'une commune du Centre Bretagne, à Saint-Caradec-Trégomel, a décroché le prestigieux titre, avec une note exceptionnelle de 19,7 sur 20. Son oeuvre (un espace paysager pérenne), comprenant une pergola, une fontaine, deux bassins et des murets, restera la propriété de la commune. S'il a particulièrement été honoré par cette récompense, Mickaël Gagnière est également fier d'avoir contribué à la revitalisation de son village.

Animé par le besoin permanent de s'améliorer et d'évaluer ses compétences professionnelles, il s'est montré très motivé pour concourir au titre de MOF : « Dès l'âge de 11 ans, je savais que je voulais devenir jardinier paysagiste. J'ai effectué ma formation au CFA du Talhouët, à Hennebont (56), où j'ai suivi un CAPA "jardinier paysagiste", un bac pro "aménagements paysagers" par apprentissage et un certificat de spécialisation "constructions paysagères". Au cours de mon cursus, j'ai toujours eu un grand intérêt pour les végétaux ainsi que pour la création. J'aime également me lancer des défis. C'est pourquoi, durant mon bac pro, je me suis inscrit au concours régional de reconnaissance des végétaux, dont j'ai remporté le premier prix, et j'ai obtenu une seconde place aux Olympiades des métiers, à Saint-Brieuc (22). Après quelques années en tant que chef d'équipe dans une entreprise spécialisée dans les bassins de baignade, j'ai décidé de m'installer à mon compte dans le bourg de la commune où je demeure, à Saint-Caradec-Trégomel. Depuis cinq ans, je travaille seul dans un milieu rural où j'ai peu l'occasion de rencontrer des professionnels de mon secteur et de confronter mes pratiques. Le fait de concourir au titre de MOF constituait également un moyen de me conforter dans l'idée que mon travail était toujours qualitatif. Cette distinction obtenue constitue une reconnaissance personnelle mais aussi un gage de sérieux pour ma clientèle. » Après les qualifications qui se sont déroulées durant une journée à la fin du mois de septembre dernier au lycée Le Fresne, à Angers (49), Mickaël Gagnière a été sélectionné pour la finale avec un autre candidat, quant à lui Vendéen. Lorsqu'il a appris que le thème du concours était consacré au patrimoine régional, il lui a paru comme une évidence de réaliser un jardin de 100 m2 au centre de son propre village.

Un projet fédérateur

Le jeune paysagiste a alors sollicité la mairie et a immédiatement reçu un écho très positif de Madame la maire, Maryannick Guiguen et de l'équipe municipale : « Nous avons accepté avec enthousiasme d'accueillir l'oeuvre de Mickaël Gagnière. Cela constituait une occasion rêvée de créer un jardin au coeur de l'espace public. Nous sommes un petit village de 482 habitants au sein de la communauté de communes du Pays du Roi Morvan en plein Centre Bretagne, avec des moyens modestes. Nous avions ici l'opportunité de développer un projet fédérateur pour tous, source de dynamisation de la commune et des alentours. En faisant le tour du bourg ensemble, nous avons retenu le site de la place du Fer à Cheval, un espace ouvert entre l'église, l'ancien lavoir et la mairie. Un lieu facile d'accès pour toute la population, susceptible de devenir une pièce maîtresse pour favoriser les rencontres et la convivialité. Nous nous sommes engagés à financer l'achat des matériaux et des plantes, Mickaël Gagnière assurant seul la maîtrise d'oeuvre et la réalisation des travaux d'aménagement, comme l'exige le concours. Le budget global estimé à environ 8 000 euros étant difficile à supporter pour notre seule commune, nous avons fait appel à la communauté de communes et au conseil départemental du Morbihan. Ils ont accepté de contribuer à hauteur de 50 % du montant total. » Le budget a été calculé au plus juste grâce à l'aide de nombreux professionnels de la région, sollicités pour la fourniture de plantes ou de matériaux (structure en métal, dalles de pierres, margelles, ardoises, graviers...). Tous ont apporté leur soutien au projet en proposant des remises ou des offres de produits. « Voir les fournisseurs s'engager dans l'aventure pour soutenir, sans contrepartie, un jeune professionnel m'a beaucoup touché. Et les encouragements ne se sont pas arrêtés là, puisque durant la durée des travaux, les habitants sont venus régulièrement me voir. L'école maternelle et primaire a même réalisé un travail autour du chantier », précise Mickaël Gagnière.

La participation au concours de Meilleur ouvrier de France demande un investissement personnel de plusieurs mois, entre la préparation du dossier de candidature, la phase de sélection, la réalisation des plans et du descriptif détaillé du projet, puis l'exécution des travaux à proprement parler qui a représenté près d'un mois et demi de travail entre novembre et février.

« Je n'ai pas participé au concours pour gagner en notoriété mais pour obtenir la reconnaissance de mes pairs et renforcer ma confiance quant à ma façon de travailler. Aujourd'hui, ce titre, connu de tous, me permet d'être mieux écouté lorsque je fais des propositions d'aménagement aux clients. Alors que la part des travaux d'entretien était majoritaire dans mes prestations, je constate une augmentation des demandes de création depuis un an et une activité globale en hausse. Cela m'a permis de prendre une jeune apprentie, en formation bac pro « aménagements paysagers » à Hennebont, depuis la rentrée scolaire 2015. C'est une belle aventure qui contribue à faire reconnaître le métier de jardinier paysagiste ! »

Yaël Haddad

La réalisation paysagère de Mickaël Gagnière restera pérenne (un nouveau critère du concours). Ici, installée dans un espace ouvert, elle est au coeur du village, entre l'église, l'ancien lavoir et la mairie.

PHOTO : YAËL HADDAD

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